jeudi 8 septembre 2016

Valeur de la vérité et valeur de la science

La discipline de l’esprit scientifique ne commencerait-elle pas par le fait de ne plus s’autoriser de convictions ?…C’est vraisemblablement le cas : il reste seulement à se demander s’il ne faut pas, pour que cette discipline puisse commencer, qu’existe déjà une conviction, et une conviction si impérative et inconditionnée qu’elle sacrifie à son profit toutes les autres convictions ? On voit que la science aussi repose sur une croyance, qu’il n’y a absolument pas de science « sans présupposés ». Il ne faut pas seulement avoir déjà au préalable répondu oui à la question de savoir si la vérité est nécessaire, mais encore y avoir répondu oui à un degré tel que s’y exprime le principe, la croyance, la conviction qu’ « il n’y a rien de plus nécessaire que la vérité, et que par rapport à elle, tout le reste n’a qu’une valeur de second ordre ».—Cette volonté inconditionnée de vérité ; qu’est-elle ? Est-ce la volonté de ne pas être tromper ? Est-ce la volonté de ne pas tromper ? La volonté de vérité pourrait en effet s’interpréter aussi de cette dernière manière : à supposer que sous la généralisation « je ne veux pas tromper », on comprenne également le cas particulier « je ne veux pas me tromper ». Mais pourquoi ne pas tromper ? Mais pourquoi ne pas être trompé ? – Remarquons que les raisons propres au premier cas se situent dans un tout autre domaine que celles qui sont propres au second : on ne veut pas être trompé parce que l’on admet qu’il est nuisible, dangereux, néfaste d’être trompé, -- en ce sens, la science serait une longue prudence, une précaution, une utilité, à laquelle on pourrait toutefois objecter à bon droit : comment, la volonté de ne pas être trompé est-elle réellement moins nuisible, moins dangereuse, moins néfaste ? Que savez-vous par avance du caractère de l’existence pour pouvoir décider si le plus grand avantage se trouve du côté de l’inconditionnellement méfiant ou de l’inconditionnellement confiant ? Mais au cas où les deux choses seraient nécessaires, beaucoup de confiance et beaucoup de méfiance : où la science aurait-elle le droit d’emprunter sa croyance inconditionnée, la conviction sur laquelle elle repose, que la vérité est plus importante que toute autre chose, y compris que toute autre conviction ? Cette conviction n’aurait justement pas pu apparaître si vérité et non-vérité se montraient toutes deux constamment utiles : comme c’est le cas. Donc – la croyance à la science, qui existe incontestablement aujourd’hui, n’a pas pu trouver son origine dans un tel calcul d’utilité, mais bien plutôt en dépit du fait que l’inutilité et le danger de la « volonté de vérité », de la « vérité à tout prix », lui sont constamment démontrées.

Nietzsche, dans le Gai savoir (§344) soulève un problème qu'il pense être le premier à mettre au jour, celui de la valeur de la vérité. Après avoir constaté le fait que nous désirions la vérité de manière inconditionnelle, il s'interroge sur les raisons qui nous poussent à vouloir la vérité sinon rien, et conclut qu'il n'y a aucune raison légitime, car l'erreur ou le mensonge s'avèrent aussi utiles, et nous pourrions donc très bien désirer le mensonge ou l'erreur autant que la vérité. 
Evidemment, beaucoup de philosophes sont impressionnés par une telle question. Si on leur demande abstraitement pourquoi vouloir le vrai plutôt que le faux, il semble que nous ayons grand peine à répondre. Cela semble un choix primitif et injustifiable, et quelqu'un qui viendrait sonder nos désirs profonds inconscients et nous dire pourquoi nous voulons la vérité ne peut que susciter de l'admiration et de la curiosité.
Or, je voudrais montrer que ce genre de propos repose en fait sur quelques sophismes assez faciles à établir, et qui, une fois écartés, laissent voir que ce type de propos ne présente pas grand intérêt. 

Il y a peu, Bouveresse a publié le livre Nietzsche contre Foucault, dans lequel il accuse le philosophe français d'avoir négligé la différence tout à fait élémentaire entre la vérité et le fait de tenir pour vrai, et en conséquence d'avoir produit une série d'énoncés paradoxaux. Notamment, la fameuse "histoire de la vérité", qui paraît si merveilleuse, n'est en fait qu'une histoire des croyances, assez ordinaire. Car la vérité n'a pas d'histoire, ce qui est vrai l'étant de toute éternité. Alors que nos croyances, elles, ont bien sûr une histoire. 
On peut appliquer un traitement similaire à ce texte de Nietzsche. Nietzsche parle de la valeur de la vérité, et nous sommes embarrassés lorsque nous devons expliquer pourquoi la vérité aurait une valeur à nos yeux. Mais Nietzsche parle-t-il vraiment de cela? Rien n'est moins sûr. Car Nietzsche parle aussi de la science, qui est caractérisée comme "discipline", donc comme activité, et non pas comme ensemble d'énoncés vrais. En ce sens, il y a une différence entre parler d'une pratique, ce qu'est la science, et parler de la vérité, qui est une valeur épistémique, et non une pratique. 
Ainsi, le début du texte de Nietzsche demande pourquoi nous avons une activité de recherche scientifique, ce qui revient à se demander quelle valeur nous accordons à cette pratique. Nietzsche parle ensuite de volonté de vérité, mais rien ne permet d'emblée de dire que notre désir de faire de la science est identifiable à notre désir d'avoir la vérité. Ceci, c'est justement le point que Nietzsche doit établir, et non pas quelque chose dont il puisse partir. Ensuite, il en vient à des considérations qui semblent plutôt porter sur la pratique scientifique : s'y livre-t-on parce qu'on souhaite ne pas être trompé, parce qu'on souhaite ne pas tromper? Si on répond positivement, Nietzsche ajoute alors que ce souhait n'est pas le seul légitime, et que nous pouvons aussi avoir envie de tromper ou d'être trompé, car, dit-il, le faux est aussi utile que le vrai. 
Je laisserai de côté la confusion habile mais facile à pointer entre vérité et fausseté d'une part, et véracité et mensonge d'autre part. Que le mensonge soit parfois utile, tout le monde le sait. Mais mentir suppose de connaître la vérité, vérité qui est donc utile puisqu'elle est nécessaire pour mentir. Si Nietzsche avait dit que le faux est utile, il aurait suscité l'incompréhension. Mais après avoir confondu le faux et le mensonge, il devient facile de dire que le faux est utile. 
Pourtant, il est aussi possible d'expliquer pourquoi le faux est utile. Par exemple, nous pourrions dire que le faux permet la fiction, et que la fiction est bonne parce qu'elle nous amuse, rend notre vie plus compréhensible en donnant des exemples, qu'elle nous éduque en nous montrant des modèles, etc. Là encore, s'il fallait juste dire cela, tout le monde l'accepterait, et cela ne remettrait pas en cause la valeur de la science. Car n'importe qui acceptera l'idée que la fiction soit utile, sans pour autant que cela remette ne cause la valeur de la science. 

Si on demande pourquoi faire des sciences, une réponse solide est assez difficile, bien que plusieurs réponses soient envisageables et relativement satisfaisantes. On peut dire que la science permet la prédiction, et que la prédiction permet l'action (comme le dit Auguste Comte). Rien n'indique que Nietzsche ait les moyens de s'opposer à une telle platitude.
Ensuite, on peut dire que la science est une activité intellectuellement stimulante, et que ceux qui ont le désir de connaître y trouvent là un plaisir plus fort que dans n'importe quelle autre activité (pour reprendre le genre d'idées que défend Platon dans le livre VI de la République, quand il parle du naturel philosophe comme étant le profil de ceux qui désirent apprendre). Là encore, Nietzsche n'a rien à opposer à quelqu'un qui dirait qu'il fait des sciences parce que ses dispositions le portent à cela. 
Par conséquent, qu'on soit pragmatiste ou qu'on soit intellectualiste, on peut donner une explication pour justifier la science, et Nietzsche n'a pas d'objection contre ces deux conceptions. Il dit que le faux est utile, mais un pragmatiste ne le nie pas, car on peut bien admettre que la fiction ET la science soient utiles. De même, Nietzsche n'a jamais rien affirmé contre ceux qui voudraient affirmer arbitrairement leur nature : au contraire, c'est même le principe de la célèbre "volonté de puissance". Ainsi, qu'un individu déclare qu'il fait des science parce que sa nature le porte aux science n'est pas un problème. Sans doute, Nietzsche a des mots assez durs contre une sorte de platonisme qui dirait qu'il existe un arrière-monde plus réel qui se cache derrière les phénomènes et que la science vise justement à découvrir cet arrière-monde. Mais ce platonisme ne résume pas Platon ni l'intellectualisme, qui ici nous concerne. Platon prétend qu'il y a des types d'hommes et que certains aiment la science. Que ceux qui aiment la science fassent de la science, c'est parfaitement normal et cela constitue une raison suffisante pour en faire (toute chose égale par ailleurs : bien sûr, si faire de la science avait des effets nuisibles sur les autres, par exemple, on aurait des raisons de ne pas continuer).
Par ailleurs, Platon aurait aussi une explication (plus ou moins obscure) pour expliquer pourquoi la science est meilleure que toute autre activité. Je laisse cette explication, puisque c'est l'intellectualisme et non Platon qui m'intéresse ici. L'intellectualisme est la thèse selon laquelle la science a une valeur en soi, et Nietzsche n'a rien contre cette idée. 

Reste à examiner la question de la valeur de la vérité, question qui semble sidérante. En réalité, elle ne l'est plus, une fois qu'on a examiné la question de la valeur de la science. Nous avons admis que nous avions le droit de nous livrer à cette activité. Or, une fois dans une activité, il est nécessaire qu'il y ait des critères de réussite et d'échec. La vérité est le critère de réussite de la science, alors que le faux indique l'échec. La question de Nietzsche devient seulement "pourquoi vouloir réussir?", ce qui est parfaitement idiot, puisqu'il est évident que si nous nous livrons à une activité, alors nous voulons aussi la mener à bien. Nietzsche plonge dans la sidération parce que nous n'avons aucun moyen de justifier une tautologie, ce qui est normal. N'ayant rien à dire à la question "pourquoi réussir?", nous avons l'impression que Nietzsche nous demande quelque chose de profond et difficile, alors qu'il n'y a rien du tout à répondre. 
Bien sûr, rien ne nous oblige à faire des sciences (sauf si nous croyons vraiment aux idées de Platon), et nous pouvons très bien aussi faire des arts, écrire des fictions, rester avec nos amis, etc. Mais si nous faisons des sciences, alors la vérité s'impose à nous car c'est justement cela faire des sciences. Il n'y a donc jamais à expliquer la valeur de la vérité, puisque sa valeur vient seulement du fait qu'elle est le critère de réussite de la science. Celui qui fait des sciences veut, par nécessité, la vérité.
On pourrait expliquer ceci en distinguant normes morales et normes pratiques. Nietzsche oublie cette distinction et pour cela, créé de faux paradoxes. Une norme morale est une injonction inconditionnelle à faire quelque chose. Par exemple, "respecte la personne d'autrui" est une norme morale. On pourrait élargir (par convention) les normes morales à toutes les normes conditionnelles dont nous satisfaisons les conditions, dans des circonstances ordinaires. Par exemple, la norme conditionnelle "si tu veux vivre confortablement, fais des sciences et développe des techniques" est pour nous une norme morale, dans la mesure où nous voulons à peu près tous vivre confortablement. Par opposition, une norme pratique est seulement une norme que nous devons suivre si nous avons déjà décidé de suivre une certaine pratique. Par exemple, envoyer la balle dans le court est une norme pratique du tennis, répondre poliment est une norme de la conversation, etc. Chercher la vérité, justement, est avant tout une norme pratique. Ce genre de normes pratiques est injustifiable, puisqu'elles définissent la pratique elle-même : les modifier, c'est modifier le jeu lui-même ; les rejeter, c'est aussi rejeter le jeu. Seulement Nietzsche veut faire passer une norme pratique pour une norme morale. Or, nous avons vu qu'il n'y a rien qui nous impose de prendre la recherche scientifique pour un devoir moral. Nous pouvons préférer les arts, la conversation, ou que sais-je encore. 


En conclusion, Nietzsche est un sophiste qui fait passer une question triviale pour une question très profonde et difficile, en usant d'une confusion conceptuelle. La vérité n'a pas particulièrement de valeur, c'est plutôt que la vérité est une valeur, celle qui permet l'activité scientifique. Qui fait des sciences recherche la vérité, par définition, et il n'y a rien de plus à dire.
La véritable question difficile, celle de la valeur de la science, n'est pas sérieusement envisagée, alors même que d'autres philosophes, comme Platon, ont osé s'y confronter, avec plus ou moins de succès. Ceci dit, je préfère encore un Platon qui nous dit que faire des sciences est mieux que se jeter sur la nourriture et les femmes car les idées sont éternelles alors que les femmes sont mortelles, plutôt qu'un Nietzsche qui affirme orgueilleusement avoir découvert la vérité cachée et inavouable que notre croyance en la science serait métaphysique, alors qu'il suffit d'avoir lu trois lignes de Platon pour voir que c'est parfaitement assumé comme tel, et qu'il n'y a rien qui nous oblige à retenir les arguments métaphysiques de Platon. 

7 commentaires:

  1. je suis tout à fait d'accord. Plus fondamentalement, la démarche nietzschéenne est typique d'une tendance en philosophie à chercher des intentions plutôt qu'à être attentif à la constitution d'une pratique : fort de son intuition psychologique, le philosophe découvre de tout de go une intention à l'oeuvre qui - miracle - le conforte dans sa propre attitude.

    Après, on doit quand même se positionner dans le débat "contructivisme" contre "réalisme". Car qu'est-ce qui permet de justifier par exemple la prééminence du darwinisme sur le créationnisme ? Après tout, les partisans de ce dernier font un peu du Latour : c'est une vision du monde, un modèle construit qui en vaut un autre. Pourquoi faudrait-il croire les preuves apportées par la science dominante ? Les scandales récents des médicaments invitent à douter de la procédure mise en place par l'ANSM. Pourquoi certaines populations (comme pas mal de Français) se méfient aujourd'hui des vaccins ? Ce sont des questions difficiles à éluder.
    Kitcher (https://drive.google.com/open?id=0B3a1jIVWuTDFWmw4SjRkNHhxUVk) défend un réalisme revenu de ses illusions : on fait de la science parce qu'elle répond à des besoins et qu'elle offre des graphes de significations. L'idée de Kitcher est qu'il faut associer la population, par des procédures, au choix des programmes de recherche : on ne peut pas laisser la science à son autonomie de découverte de la vérité car (1) une confiance de tous en la science est nécessaire (sinon le conspirationnisme se développe) (2) la vérité est aussi le fruit des préoccupations contextuelles (les résultats scientifiques augmentent les chances de réussite de certaines pratiques).

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    1. Merci de la référence!
      J'ai l'impression que le débat réalisme/constructivisme se téléscope à un second débat intellectualisme/pragmatisme. Et je ne comprends pas exactement celui qui t'intéresse : Kitcher parle de réalisme sans illusion, mais défend surtout (en apparence) un pragmatisme classique.
      Dois-je vraiment me positionner sur ce qui fait que la science vaut quelque chose? C'est une question intéressante bien sûr, mais qui me semble dépasser mon propos ici.

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  2. Toi aussi tu es un sophiste, doté également d'une certaine habileté. Mais un sophiste quand même !

    Tu fais comme si on pouvait tout à fait disjoindre la justification de la valeur accordée à la pratique scientifique, et la justification de la valeur accordée à la vérité au sein de la pratique scientifique.
    Tu procèdes ainsi en deux temps : d'abord mentionner des raisons générales de faire de la science, la raison positiviste ou pragmatiste de Comte, la raison geek-platonicienne (s'intéresser à des problèmes scientifiques est plus amusant ou stimulant que s'intéresser aux beaux hommes - ce blog est un peu phallocentré quand même), puis oublier ces raisons, une fois la pratique scientifique justifiée par elles, pour ne plus s'intéresser qu'à la valeur de la vérité au sein de l'activité scientifique.

    La fondamentale entourloupe ici est la suivante : la façon dont on se rapportera à la vérité au sein de la pratique scientifique va évidemment être différente selon les raisons qu'on donne pour justifier celle-ci.
    Ainsi, si je suis un positiviste comtien, je fais de la science pour construire des ponts et faire décoller des fusées, mais je suis complètement indifférent entre deux théories qui donnent exactement les mêmes prédictions. Dit autrement, les causes réelles, ou la nature des choses, ne m'intéressent pas du tout.
    De même si je suis un geek-platonicien, je fais de la science comme on fait du sudoku, je suis capable de m'exciter beaucoup sur la théorie des cordes ou le théorème d'Arrow-Debreu sans jamais m'intéresser au monde.
    La vérité ne nous intéresse pas du tout, parce que dans ce cas nos raisons de faire de la science font que notre pratique de la science ne ressemble pas à l'image qu'on se fait habituellement qu'on se fait de cette pratique, et qui est apparemment l'objet de la critique de Nietzsche. On ne peut pas découpler les finalités données à la science et la nature de la pratique scientifique.

    Il en résulte que l'argument tombe à l'eau, et qu'il faut reconsidérer le texte de Nietzsche, si quelqu'un arrive à en tirer quelque chose d'intelligible. Peut-être aurait-il fallu commencer par là.

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    1. Loin de les disjoindre, la définition que je donne de la vérité, comme réussite de la pratique scientifique, permet au contraire d'articuler mécaniquement la finalité donnée à la pratique scientifique, et la définition plus précise de la vérité. En effet, les multiples définitions précises de la vérité (l'adéquation empirique, la cohérence, la correspondance à la réalité, l'utile, etc.) dérivent de la finalité de la science. Si je suis comtien, je me satisfait de l'adéquation empirique de la théorie. Si je suis geek-platonicien, la cohérence est suffisante (j'imagine). Si je suis pragmatiste, le fait que nos théories aient des effets pratiques est essentiel. Si par contre j'avais mentionné une théorie précise de la vérité, alors là, en effet, on aurait pu m'accuser de disjoindre définition de la vérité et finalité de la pratique scientifique. Alors qu'ici, la notion de réussite est compatible avec toute caractérisation de ce qu'on attend de la réussite.

      Néanmoins, je pense que l'argument de Nietzsche n'aurait pas de force si on prenait d'emblée une théorie précise de la vérité, justement parce qu'elle contiendrait implicitement la finalité de la pratique scientifique, et que la réponse à la question de la valeur de la vérité deviendrait trop évidente. Au contraire, si on considère juste l'idée que la vérité est la réussite de nos affirmations et de nos théories, alors Nietzsche peut soulever un problème inquiétant.

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    2. Et si tu lisais les commentaires avant d'y répondre ?

      Je n'ai jamais parlé de la définition de la vérité, mais de la justification de la valeur de la vérité. Hors sujet !!!!

      Il est tout à fait possible de considérer que la pratique scientifique a une valeur, et que la vérité n'en a pas.

      Si tu veux redéfinir la vérité comme "réussite de la pratique scientifique" pour tous les Oussia, j'en suis fort aise, mais ce n'est pas le concept de vérité des êtres humains.

      Et ce serait de toute façon très stupide, ou très relativiste, puisqu'il y a des conceptions irrémédiablement divergentes de la réussite de la pratique scientifique.

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  3. J'ai une autre idée.
    Le sophisme de Nietzsche est le suivant :
    - on pourrait penser que l'on fait des sciences parce que c'est utile.
    - mais c'est faux, car le faux, le mensonge, l'erreur, aussi peuvent être utile.
    - donc on fait des sciences pour une autre raison que leur utilité (une raison plus profonde...).

    C'est évidemment un faux raisonnement. C'est manifeste si on change le contenu en gardant la même structure :
    - on pourrait penser qu'on fait des oeuvres d'art pour voir de belles choses.
    - mais c'est faux, car il existe déjà des objets naturels qui sont beaux.
    - donc, on fait des oeuvres d'art pour une autre raison que leur beauté.
    On voit que le fait qu'une chose et son contraire soient bons sous le même rapport ne signifie pas qu'il faudrait choisir exclusivement l'un aux dépends de l'autre. Nous désirons voir des beautés naturelles et des oeuvres d'art. De même, le faux nous est utile parce qu'il produit des fictions plaisantes, et le vrai nous est utile parce qu'il permet de construire des fusées. On peut donc admettre que c'est l'utilité qui justifie les sciences. Le mystère de Nietzsche est résolu.

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    1. On est déjà un peu plus près du texte, mais ce n'est toujours pas cela.
      Nietzsche considère une sorte d'éthique scientifique pour laquelle la valeur de la vérité a une priorité absolue, "inconditionnée". Le calcul d'utilité suppose au contraire de composer avec la fausseté, donc de renoncer à cette éthique scientifique. Les deux sont incompatibles, le premier ne peut justifier le second.

      Je n'ai pas le temps d'éplucher le texte pour mettre en forme l'argumentation, mais tu es un expert plus que certifié et tu pourrais t'en charger plutôt que d'inventer de fausses tautologie ("Celui qui fait des sciences veut, par nécessité, la vérité") ?

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